Textes philosophiquesBergson l'exprience esthtique"L'objet de l'art est de nous amener un tat de docilit parfaite o nous sympathisons avec le sentiment exprim. Ainsi, en musique, le rythme et la mesure suspendent la circulation normale de nos sensations et de nos ides en faisant osciller notre attention entre des points fixes, et s'emparent de nous avec une telle force de l'imitation, mme infiniment discrte, qu'une voix qui gmit suffira nous remplir d'une tristesse extrme. Si les sons musicaux agissent plus puissamment en nous que ceux de la nature, c'est que la nature se borne exprimer des sentiments, au lieu que la musique nous les suggre. Ainsi l'art vise imprimer en nous des sentiments plutt qu' les exprimer: il nous les suggre, et se passe volontiers de l'imitation de la nature quand il trouve des moyens plus efficaces. La nature procde par suggestion comme l'art, mais ne dispose pas du rythme. Elle y supple par cette longue camaraderie que la communaut des influences subies cre entre elle et nous, et qui fait qu' la moindre indication d'un sentiment, nous sympathisons avec elle comme un sujet habitu obit au geste du magntiseur. Il rsulte de cette analyse que le sentiment du beau n'est pas un sentiment spcial, mais que tout sentiment prouv par nous revtira un caractre esthtique, pourvu qu'il ait t suggr et non pas caus". Essai sur les Donnes immdiates de la Conscience, P.U.F. chapitre I. Indications de lecture :Voir la leon sur la contemplation esthtique.
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